Rejoindre la mèche

Pour quelle raison devrions-nous reconsidérer nos achats de vêtements dans les enseignes de fast fashion? Parce qu’elles polluent, elles exploitent les travailleur·euse·s, elles nuisent aux animaux et en plus elles ne font pas du bien à votre porte-monnaie contrairement à ce que vous pouvez peut-être penser.

Comment peut-on reconnaître les enseignes de fast fashion?

En règle générale les vêtements sont bon marché, ils sont très tendance car ils s’inspirent des créateurs de mode ou des célébrités et sont commercialisés à une vitesse impressionnante afin de répondre au plus vite à la demande des consommateur·rice·s (demande qui d’ailleurs est induite par des manipulations marketing). Vêtements qui une fois portés finiront à la poubelle ou plus récemment sur les plateformes de seconde main, qui permettent de déculpabiliser tout en perpétuant le système. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certaines d’entre elles ainsi que certaines boutiques physiques bannissent la seconde main provenant des marques de fast fashion. Ce cycle perpétuel « acheter-jeter » se base sur l’idée que porter plusieurs fois la même tenue est une faute de goût et que si voulez rester « stylé·e » vous vous devez de porter les looks les plus tendances au fur et à mesure qu’ils apparaissent.

Chaque année ce sont plus de 100 milliards de vêtements et accessoires qui sont vendus à travers le monde : une consommation qui a doublé en seulement 15 ans grâce à ce système toxique de surproduction et de surconsommation. L’industrie de la mode est ainsi devenue l’une des plus polluante: elle produit 20 % des eaux usées et 10 % des émissions de carbone dans le monde, soit plus que l’ensemble des émissions provenant des vols internationaux et de la navigation maritime.

La tâche est immense, selon un rapport récent publié par The Guardian, pour que nos garde-robes deviennent durables nous devons réduire de 75 % le nombre de nouveaux vêtements que nous achetons!

Pourquoi est-elle si néfaste?

Pollution

-Elle pollue massivement notre planète avec l’utilisation de teinture textiles toxiques, ce qui fait de cette industrie, juste à côté de l’agriculture, l’un des plus grands pollueurs d’eau propre au monde.

-Elle utilise des textiles bon marché qui augmentent d’autant plus l’impact de la fast fashion. L’un des tissus préférés de ces enseignes est le polyester, qui est un dérivé de combustibles fossiles, qui contribue au réchauffement de la planète. On a également identifié plus récemment la problématique de la dispersion des microfibres lors du lavage qui contribuent à aggraver l’accumulation de plastique dans nos océans. Les tissus à base de fibres naturelles ne sont pas en reste en raison de l’échelle de quantité exigée par la fast fashion. Le coton par exemple a besoin d’énormes quantités d’eau et de pesticides dans les pays où il est cultivé, généralement dans les pays en développement.

-Elle génère un stress accru sur le défrichement, la biodiversité et la qualité des sols.

-La vitesse et la quantité de production induisent des quantités de plus en plus importantes de vêtements jetés, ce qui crée littéralement des montagnes de déchets textiles.

Nuisances et maltraitance des animaux

La faune terrestre et marine est elle aussi touchée par les teintures toxiques et les microplastiques rejetés dans les cours d’eau. Sans parler du bien-être des animaux dont la peau, la fourrure ou la laine servent à fabriquer des vêtements.

Exploitation des travailleurs

Les travailleur·euse·s de l’industrie de la mode travaillent souvent dans des environnements dangereux, reçoivent des salaires qui ne leur permettent pas de survivre et sont privés de leurs droits humains fondamentaux. Et encore plus amont de la chaîne d’approvisionnement se trouvent les agriculteurs qui travaillent avec des produits chimiques toxiques et des pratiques brutales qui peuvent avoir des effets dévastateurs sur leur santé physique et mentale. On peut donc se demander quel est le véritable coût des t-shirts Zara ou H&M à 5 francs que l’on achète mécaniquement parce que ce n’est pas cher ou qu’on a envie de nouveauté. Le documentaire « Fashionscapes: A Living Wage » permet de nous remettre un peu les idées en place dans cette perspective, et c’est tout simplement bouleversant.

Une phrase tirée de ce film à méditer:

« Une vie humaine vaut bien plus que le coût non payé de vêtements bon marché ».

Bien sûr un changement systémique est nécessaire mais je crois sincèrement que nous avons un rôle à jouer en temps que consommateur·rice·s en refusant d’acheter des vêtements dont on ne paie pas le coût réel.

Manipulation des consommateur·rice·s

La fast fashion favorise la culture de la mode jetable et conforte les consommateur·rice·s dans cette spirale de l’achat compulsif pour rester à la mode à tout prix. Le champion toute catégorie de la manipulation est le géant de l’ultra fast fashion Shein, qui propose des robes et des t-shirts à moins de 3 francs ou 9 francs avec un catalogue vertigineux. Shein a tout misé sur le e-commerce et des collaborations avec des influenceurs pour séduire les plus jeunes client·e·s. « Shein a réussi à intégrer le marketing, l’acte d’achat, dans les interactions sociales des jeunes, notamment sur TikTok. Et ça, c’est évidemment extrêmement dangereux. Il y a un manque fondamental de transparence sur le rôle et le statut des influenceurs » Géraldine Viret, porte-parole de l’ONG suisse Public Eye.

Que pouvez-vous faire?

La première étape est sans doute de se défaire de l’habitude d’acheter souvent et beaucoup et de redécouvrir les vêtements que l’on a déjà dans sa garde-robe. Et pourquoi pas la réinventer en transformant les vêtements qui ne vous plaisent vraiment plus?

Ensuite lorsque vous achetez il vaut mieux choisir des vêtements de qualité, le fameux « acheter moins mais mieux », fabriqués avec des tissus écologiques, recyclés, upcyclés. Avant d’acheter vous pouvez aussi vous poser la question si vous en avez réellement besoin et peut-être faire un petit tour dans votre garde-robe avant d’aller faire du shopping. Et bien sûr vous pouvez aussi acheter en seconde main, les boutiques en ligne ou physiques sont de plus en plus nombreuses.

Pour choisir des marques durables vous pouvez vous appuyer sur des applications ou des sites qui effectuent le travail de curation pour vous car il y a vraiment de quoi se perdre entre le greenwashing et les centaines de labels (autodécernés ou non). Quelques pistes:

Good on you est une excellente application qui évalue aussi bien l’engagement des marques en termes d’environnement, de conditions de travail que de traitement des animaux.

-Le média dédié à la mode durable The Good Goods est aussi très bien fait et vous donnera plein d’informations utiles.

-Les sites de marques durables tels que WeDressFair et bien sûr le premier site en Suisse romande, notre partenaire Clother, qui fait un travail de sélection vraiment très sérieux.

Vous trouverez aussi beaucoup d’informations dans la médiathèque du réseau social dans la rubrique mode & accessoires.

Si vous souhaitez faire ce travail de sélection vous-mêmes voici quelques pistes: tout d’abord consultez le site internet et toutes les informations que la marque donnent par rapport à ses engagements, ensuite les actions réelles que vous pourrez trouver dans son rapport de durabilité, les certifications qu’elle a obtenues et enfin si vous avez encore des questions contactez la marque directement.

Pour terminer il faut prendre soin de vos vêtements, les entretenir, les réparer, les faire durer et enfin les recycler de manière responsable à la fin de leur vie. Et plus la qualité de vos vêtements sera élevée plus il vous sera facile de prolonger leur vie.

Ces démarches mises en place à votre rythme vous apporteront une satisfaction et un bien-être que vous ne soupçonnez pas. Expérience faite par une ancienne « fashion addict » faites-moi confiance!

 

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