Rejoindre la mèche
Marie-Chassot-La-Mèche
L’engagement est au coeur de leur activité. Ces femmes et ces hommes s’inspirent du monde pour agir autrement et durablement, et faire de leur environnement une voie d’expression, de créativité, d’innovation ou encore de solidarité. Finance, culture, artisanat, industrie ou médias sont autant de domaines incarnés par ces personnalités, qui ont accepté de se prêter au jeu du questionnaire de Proust en mode La Mèche. Quels sont leurs secrets durables? Pour vous, ils vendent la mèche.

Réalisation: Cornland Studio

Après avoir obtenu un master en relations internationales, Marie a passé les 15 premières années de sa carrière dans l’industrie du luxe, de l’horlogerie-joaillerie en particulier. Elle y a forgé son expérience dans la gestion de boutiques, le marketing, la stratégie, le développement produit et la création de marque, au niveau international.

Elle a co-fondé en 2018 au sein d’un grand groupe suisse une marque horlogère proposant une vision engagée et responsable de l’entreprise. Cette expérience lui a permis de se recentrer sur la planète, de se mettre à son service et d’explorer de nouvelles perspectives en termes de management et de gouvernance. Elle a élargi sa vision concernant le rôle de l’entreprise au sein de son écosystème, pour choisir ensuite de devenir un catalyseur de la transformation vers une société qui agit pour une économie plus responsable et durable.

Marie fonde La Mèche en 2020, un écosystème dédié à l’impact qui a pour mission d’informer, de connecter et d’accompagner les acteurs du changement, citoyens et organisations, à travers une agence de conseil, un média, un réseau social et des événements. Elle se dédie désormais à ce changement de paradigme vers lequel nous devons tous converger et oeuvre au quotidien pour faire en sorte que les gens et les organisations prennent conscience de leur pouvoir d’action et pour que le monde de l’entreprise soit une force positive, laissant un monde meilleur aux générations futures.


« Albert Einstein disait qu’on ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème. Le monde qui prépare celui de demain doit réinventer ses codes de consommation, de marketing, de communication, de management, de droit, de séduction, de production, de vivre ensemble… Le monde de demain doit retrouver l’équilibre entre ce qu’il consomme et la capacité de renouvellement des ressources de la nature. Ce monde sera biocentré, régénératif et équitable. »


Transcription

 

Qui êtes-vous et que faites-vous dans la vie?

Je m’appelle Marie et je suis la créatrice de La Mèche, qui est une plateforme digitale dédiée à l’impact et qui a pour mission d’informer les particuliers et les organisations, de créer un écosystème qui rassemble ces deux sphères pour générer la collaboration, l’information, l’éducation et l’action. 

Quel est votre état d’esprit actuel?

Optimiste comme comme la plupart du temps dans ma vie. Je préfère voir le côté positif des choses parce que je pense que c’est plus moteur que le pessimisme ou le défaitisme.  Donc très optimiste mais réaliste quand même parce que nous avons de grands défis face à nous.

Comment est venu votre désir d’engagement, quel a été le déclic?

J’ai eu la chance de grandir à la campagne donc d’être très proche de la nature et d’avoir conscience de son importance. Ca m’a été transmis par mes parents et mes grands-parents. Mais le vrai déclic pour un engagement fort, qui est aujourd’hui devenu la mission de ma vie à titre professionnel, c’est il y a quelques années lorsque j’ai eu l’opportunité de co-créer une marque et de réinventer la façon dont on faisait les choses. C’était une marque d’horlogerie et nous avons eu l’opportunité de réinventer la façon dont on faisait des montres et de proposer un autre paradigme, de proposer quelque chose de différent, de plus conscient et de plus raisonné. Ca a été le déclic pour moi de dire « voilà ma mission ». Je l’ai cherchée pendant longtemps, je l’ai enfin trouvée et j’en suis ravie. 

Comment se manifeste cet engagement au quotidien?

A titre personnel je dirais que c’est vraiment un cheminement parce qu’on prend conscience et puis petit à petit on intègre des comportements, des changements, des améliorations et c’est vraiment un apprentissage de tous les jours. J’essaie d’être consciente tous les jours de mes actes et de l’impact qu’ils peuvent avoir. Et à titre professionnel une des missions de La Mèche c’est d’apporter un éclairage, d’apporter de la lumière et d’informer les gens. J’ai envie de faire en sorte que les gens soient informés, qu’ils soient éduqués et qu’ils soient de plus en plus nombreux à embrasser cette conscience et à agir.

Dans votre métier ou dans ce projet comment intégrez-vous la notion de durabilité?

C’est vraiment pour moi à tous les stades. Si on parle maintenant plus de business c’est vraiment à travers toute la chaîne de valeur qu’il y a des choses à faire et qu’il faut mettre de la conscience: dès la conception des choses, que ce soit un produit ou un projet, jusqu’à sa livraison et jusqu’à sa fin de vie. C’est un processus de réflexion déjà pour commencer, c’est une façon de réfléchir et de toujours concevoir en ayant conscience des conséquences et en essayant évidemment d’avoir le moins d’impact possible. Au niveau personnel comme au niveau professionnel, sans décrire exactement ce que je fais, c’est essayer d’avoir le moins d’impact possible et d’avoir le plus d’impact positif possible.

Quels sont les plus grands enjeux auxquels vous êtes confrontés?

De manière générale et dans mon expérience passée c’est le changement d’état d’esprit et je pense que c’est le plus grand enjeu aujourd’hui pour la société pour arriver à créer une société nouvelle avec des nouvelles valeurs. Le changement de culture aussi bien au sein des entreprises qu’au sein des foyers, l’idée de faire un reboot de notre processeur et de penser les choses différemment. 

Préserver la planète c’est quoi pour vous? 

Préserver la planète c’est offrir un futur aux générations qui viennent, c’est prendre la responsabilité de ce qu’on a pu faire et puis faire en sorte dans la mesure de ce que l’on peut faire que les futures générations non seulement puissent exister mais puisse vivre la vie que nous avons pu avoir et en profiter autant qu’on a pu le faire. Evidemment encore une fois de manière raisonnée avec une autre façon de consommer et de concevoir la consommation et la société. 

Quel geste pour l’environnement vous fait du bien?

Me déplacer en vélo, ça me fait du bien dans tous les sens du terme parce que ça me fait faire de l’exercice et puis ça me fait me sentir libre et en même temps ça me donne cette sensation de « feel good » de ne pas être en train de brûler du pétrole.

Votre devise écolo ou durable ce serait quoi?

Je n’ai pas vraiment de devise, c’est ce que j’applique tous les jours, cette notion de responsabilité, de prise de conscience et puis de réflexion sur les conséquences de nos actes et ce que ça implique pour les autres. C’est vraiment cette notion de juste s’ouvrir sur les autres et de ne pas être uniquement centré sur soi et son propre bien-être. Cette conscience collective est très importante pour moi et c’est ce à quoi je veux aboutir, c’est de contribuer à faire grandir cette conscience collective.

C’est quoi votre idée du bonheur?

Avec les années j’ai évolué. Mon idée du bonheur il y a quelques années c’était le bonheur de demain, le bonheur qui se profile, le bonheur à venir qu’on s’imagine toujours parfait! Aujourd’hui c’est vraiment le moment présent, vivre les moments présents pleinement et en tirer le meilleur.

Votre idée du plaisir?

Partagé!

Comment pouvons-nous agir à un niveau individuel pour faire la différence?

Enormément! Je respecte tout à fait le fait qu’il y a des niveaux différents d’engagement. Il y a le niveau systémique où il y a de grands enjeux, des règlementations à mettre en place et évidemment les États ont un grand rôle à jouer. C’est à ce niveau là que ça doit se jouer mais c’est à tous les niveaux: au niveau des entreprises, de l’industrie, et au niveau individuel. C’est important que les gens comprennent, et je pense que la majorité des gens n’ont pas conscience du pouvoir qu’ils peuvent avoir sur l’évolution des choses: sur l’évolution des marques, des produits, des modes de consommation. Si demain toute la Suisse, ou toute l’Europe on va dire pour voir les choses en grand, décide de ne plus acheter de la fast fashion, décide de ne plus aller acheter un t-shirt à 10 francs toutes les deux semaines, que va-t-il se passer? C’est il y aura obligatoirement une remise en question qui va devoir se faire. Elle se fait cette remise en question mais elle se fait assez lentement et je pense que souvent les individus sous-estiment le pouvoir qu’ils peuvent avoir sur l’évolution des choses en tant qu’individu. C’est un peu facile de dire « oui mais moi à mon niveau si je fais quelque chose ça ne sert à rien ». Justement pas, c’est vraiment l’addition des actions de tous qui va faire qu’on va finalement y arriver.

Quelle est votre utopie?

Mon utopie c’est une vraie utopie! Je trouve que c’est terriblement injuste, tout le monde devrait pouvoir avoir de quoi manger, avoir de quoi dormir, être heureux et pas seulement de pouvoir subvenir à leurs besoins de base mais aussi de pouvoir vivre une vie, avoir des belles histoires, des belles rencontres, des choses beaucoup plus futiles aussi. Mon utopie c’est qu’il y ait beaucoup plus d’égalité. Je trouve vraiment terrible de voir que plus on est dans le besoin plus les choses et les événements ont un impact négatif. C’est vraiment mon rêve absolu.

Et là concrètement de façon un peu plus réaliste les trois choses indispensables pour changer le monde?

Je dirais la collaboration, et à tous les niveaux. Je pense qu’aujourd’hui encore il y a trop de cloisonnement entre les autorités gouvernementales, les industries, le business de manière générale et les particuliers parce que les solutions doivent se trouver ensemble et doivent tenir compte des contraintes et des problématiques de chacun. C’est en s’écoutant les uns les autres qu’on parviendra à trouver des solutions. Il y a aussi l’humilité et c’est important parce que je pense que ce n’est pas du tout un trait de caractère du monde capitaliste d’aujourd’hui. Donc moins d’égoïsme, plus d’humilité, beaucoup plus d’empathie et puis peut-être que comme ça on va y arriver.

Le monde de demain avec les communautés qui le constituent ressemblerait à quoi?

Pour moi le monde de demain aura changé ses codes. Il aura changé ses codes de consommation, de communication, de marketing, de business, de finances et il aura compris qu’en continuant comme ça on n’y arrivera pas, ça c’est important. Je reviens à cette question d’état d’esprit, il faut vraiment changer notre formatage d’esprit. Et puis davantage de bienveillance et de solidarité et moins d’égocentrisme et d’égoïsme. Je pense que cette propension à vouloir tout pour soi, à vouloir tirer un maximum de la société sans tenir compte des autres est une énorme problématique. J’espère que les communautés de demain seront plus sensibles et qu’on arrivera à comprendre aussi que l’humain est une partie du tout en fait mais pas le maître de tout. 


Vous aussi racontez-nous vos histoires qui peuvent nous inspirer tous! Si vous avez envie de vous essayer au questionnaire de Proust ou de partager votre expérience, votre engagement, vos astuces ou vos coups de gueule rendez-vous dans le forum de discussion « Partagez avec nous » sur la plateforme La Mèche, c’est ici:

Questionnaire de Proust

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