Le projet « Avenir alimentaire de la Suisse » a été présenté le 17 mai à Berne lors d’une conférence de presse. L’assemblée citoyenne fait partie intégrante de ce projet. Les 100 participants sont représentatifs de la société suisse sur les plans du genre, de l’âge et de la répartition ville-campagne. Au terme de onze réunions ils devront dire à quoi devra ressembler la politique alimentaire de la Suisse d’ici à 2030, tout en mettant à disposition de tous les Suisses des aliments sains, durables, respectueux des animaux et produits de manière équitable.
Le système bancaire s’est effondré en 2008 et notre système alimentaire est sur le point de faire de même. Depuis quelques années, les scientifiques tirent frénétiquement une sonnette d’alarme que les gouvernements refusent d’entendre : le système alimentaire mondial commence à ressembler au système financier mondial à l’approche de 2008. Si l’effondrement du système financier aurait été dévastateur pour le bien-être de l’humanité, l’effondrement du système alimentaire ne mérite pas qu’on y pense. Pourtant, les preuves que quelque chose ne tourne pas rond se multiplient rapidement. La flambée actuelle des prix des denrées alimentaires semble être le dernier signe d’instabilité systémique.
Désormais, le système alimentaire mondial doit survivre non seulement à ses fragilités internes, mais aussi à des perturbations environnementales et politiques susceptibles d’interagir les unes avec les autres. Pour donner un exemple actuel, à la mi-avril, le gouvernement indien a laissé entendre qu’il pourrait combler le déficit des exportations alimentaires mondiales causé par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. À peine un mois plus tard, il a interdit les exportations de blé, après que les cultures se soient ratatinées lors d’une vague de chaleur dévastatrice.
Il est urgent de diversifier la production alimentaire mondiale, tant sur le plan géographique qu’en termes de cultures et de techniques agricoles. Nous devons briser l’emprise des grandes entreprises et des spéculateurs financiers. Nous devons créer des systèmes de secours, produisant des aliments par des moyens entièrement différents. Nous devons introduire une capacité de réserve dans un système menacé par ses propres efficacités.
Si un si grand nombre de personnes peuvent souffrir de la faim à une époque de générosité sans précédent, les conséquences d’un échec majeur des récoltes que pourrait provoquer une dégradation de l’environnement défient l’imagination. Le système doit changer.
