Rejoindre la mèche
L’engagement est au coeur de leur activité. Ces femmes et ces hommes s’inspirent du monde pour agir autrement et durablement, et faire de leur environnement une voie d’expression, de créativité, d’innovation ou encore de solidarité. Finance, culture, artisanat, industrie ou médias sont autant de domaines incarnés par ces personnalités, qui ont accepté de se prêter au jeu du questionnaire de Proust en mode La Mèche. Quels sont leurs secrets durables? Pour vous, ils vendent la mèche.

Réalisation: Cornland Studio

Marius Diserens, militant queer depuis quelques années déjà, et élu au conseil communal pour les Vert·e·s à la ville de Nyon, où il travaille étroitement avec la sécurité publique pour l’ouvrir aux thématiques concernant les populations LGBTQIA+. Il répond aux pronoms qu’on veut bien lui donner, se définit comme gender fluid et a l’intersectionnalité au cœur de tous ses combats. Il a fait un master en études de genre et s’est spécialisé en théorie queer, tout en faisant de la gestion de projet pour la sensibilisation et la visibilisation des problématiques concernant les populations LGBTQIA+. Également professeur de yoga, c’est ce contact à l’autre que ce dernier, soit être humain ou autre entité naturelle, a au coeur de ses discours et de ses actions. Sa perspective est, comme il le dit si bien, foncièrement écoféministe: une libération de l’humain doit obligatoirement se faire de concert avec un combat anti-capitaliste et planétaire pour la défense de la biodiversité, la sauvegarde des ressources, la protection des milieux naturels et la visibilisation des destructions causées par le dérèglement climatique.

Transcription

Qui êtes-vous et que faites vous dans la vie?
Je m’appelle Marius, j’ai 25 ans, je suis nouvellement élu au Conseil communal de Nyon, professeur de yoga, spécialiste en genre et diversité, et un peu activiste sur les réseaux sociaux principalement.
 
Quel est votre état d’esprit actuel?
Très fier et déterminé pour l’avenir.
 
Quel est votre principal trait de caractère?
Je suis très très persistant et je ne vais jamais accepter un non pour une réponse si j’aimerais que ce soit un oui.
 
Etre écolo aujourd’hui ça veut dire quoi?
Je pense qu’on a toutes et tous nos moyens d’être écolo et cela part déjà du respect de l’autre dans ses manières de faire et de fonctionner au niveau écologique. Donc le respect des autres principalement, on passe par des étapes, c’est une transformation personnelle et il faut accepter qu’on n’a pas toutes et tous le même rythme. Et puis on a toutes et tous des engagements différents, en ce qui me concerne cela se fait au niveau politique et au niveau personnel. Il y a une certaine perfection qu’on ne peut pas encore avoir je pense, donc on cherche un maximum de cohérence et pour moi c’est aussi ça peut-être être écolo, c’est chercher cette cohérence en étant toujours un peu imparfait.
 
Qui vous inspire et pourquoi?
Ma plus grande source d’inspiration aujourd’hui c’est Alexandria Ocasio-Cortez, qui est à la chambre des représentants aux Etats-Unis, parce que c’est une femme qui s’est battue pour ses valeurs et qui a vraiment grandi d’un « grassroots movement » comme on dit, depuis la base, et qui est aujourd’hui une des personnes les plus influentes sur la scène politique américaine du moins. C’est une personne que je regarde avec beaucoup d’admiration.
 
Comment est venue votre désir d’engagement, quel a été le déclic s’il y en a eu un?
Il n’y a pas eu réellement de déclic je pense, ça s’est fait très naturellement et c’est en fait principalement les violences que j’ai subies et qui m’ont tellement offusqué et remonté contre la société, que j’ai voulu trouver une autre manière d’y répondre et me lever pour ses valeurs et ses identités.
 
Comment votre engagement se manifeste-t-il au quotidien?
J’ai tendance à dire souvent que mon genre, mon identité et mes valeurs entrent dans une salle avant que moi j’y entre donc c’est aussi simplement d’être moi et d’avoir un discours qui permet d’agir et d’être activiste déjà. Et puis c’est aussi de faire ses recherches, d’appuyer toutes ses connaissances pour avoir un réel fond et des arguments quand on a des débats. C’est ce qui m’inspire et m’enrichit le plus mais c’est en même temps le plus gros défi, avoir une discussion et aller à la rencontre de l’autre et essayer de débattre de manière constructive pour avancer ensemble.

 

Dans votre métier comment intégrez-vous la notion de durabilité?
Je n’ai pas une formation ni une expertise en écologie ou en durabilité mais de par mon engagement politique je pense que c’est vraiment un mix écoféministe, un mélange des luttes. La durabilité se trouve non seulement bien sûr dans l’environnement et dans ce qu’on peut mettre en place personnellement et au niveau politique, mais aussi comment est-ce qu’on respecte les autres, comment est ce qu’on marche ensemble, comment est ce qu’on fait avancer toutes les différentes luttes et tous les combats pour les identités et les valeurs différentes et ça c’est vraiment un combat dans lequel je m’ancre et que j’essaye de promouvoir.

 

Quels sont les plus grands enjeux auxquels vous êtes confronté?
C’est très simplement de défendre ma réalité et mon identité, tout en m’en détachant et m’en affranchissant aussi pour montrer que je ne suis pas que ça.

 

Qu’est ce que la pandémie a changé dans votre rapport au monde?
D’une part elle m’a poussé à m’engager politiquement, c’était déjà un bon début, et après elle m’a d’autant plus réveillé sur l’importance de se mobiliser, de se retrouver et de se respecter dans tous nos combats et dans nos rythmes différents. Elle m’a permis d’être beaucoup plus tolérant avec moi-même principalement et d’aller vraiment à mon rythme. 

 

Racontez-moi votre plus beau souvenir de nature.
Quand je suis rentré hier soir de mon assermentation avec mes talons dans les mains en sautant dans les flaques d’eau sous la pluie. Le plus frais disons ce sera celui-là.

 

Si vous étiez un arbre lequel seriez-vous et pourquoi?
J’avais lu un jour que le chêne attire la foudre mais symbolise aussi la majesté et la force et donc j’ai peut-être un petit peu l’impression ou l’audace de dire que je serais un chêne.

 

Quelle capacité de la nature aimeriez vous avoir?
La régénérescence pour me remettre plus vite des pointes qui me sont lancées.
 
Si vous étiez une source d’énergie laquelle seriez-vous?
Avec humilité le soleil.

 

Votre saison préférée et pourquoi? 
Le printemps parce que la nature renaît et que c’est vraiment tellement splendide, inspirant et plein d’espoir.
 
Votre paysage préféré? 
Le lac Léman et si possible avec les gens que j’aime devant. 

 

Préserver la planète pour vous c’est quoi?
C’est non seulement avoir des mesures politiques plus strictes au niveau de l’environnement mais aussi quelque part se forcer à avoir le courage de faire cette transition personnelle et puis respecter les personnes et tolérer toutes les personnes qui y vivent.

 

Quelle pollution vous insupporte? 

Les gens qui parle pour ne rien dire.

 

Quelles solutions pour la planète attendez-vous avec le plus d’impatience?
Une vraie conscientisation des enjeux environnementaux, que ce soit vraiment quelque chose qui soit transversale et qui soit compris par toute la société et par tout le monde parce qu’on en est loin encore et on l’a vu juste aux dernières votations le 13 juin.
 
Le geste anti-durable que vous peinez à abandonner?
Prendre des bains parce que j’en ai beaucoup besoin pour ma santé mentale.

 

Qu’est ce qu’on ne trouve plus du tout dans votre cuisine?
De la viande. 

 

Quel geste pour l’environnement vous fait du bien?
Marcher, même si ça me fait transpirer en été.

 

Votre plus grande contradiction?
Prôner l’égalité des sexes et moi-même porter des vêtements qui assujettissent la femme, typiquement les talons.
 
Si vous deviez avoir une devise écolo laquelle serait-elle?
Se faire violence parce qu’une transition ce n’est pas forcément toujours facile et le changement non plus mais ça en vaut tellement la chandelle.
 
Quelle est votre idée du bonheur?

Quand on me regarde avec bienveillance.

 
Et votre idée du plaisir?
Voir les choses auxquelles j’aspire se réaliser.
 
Comment pouvons-nous agir à un niveau individuel pour faire la différence?
Tout premièrement écouter les mouvements de justice sociale, je pense que c’est quelque chose de très important. Les voix se portent dans l’espace public et médiatique et il faut prendre du temps de les écouter, de les voir, de les entendre, de les digérer aussi. Et il faut écouter les personnes qui savent mieux que nous parce que je pense qu’on est toutes et tous des êtres imparfaits, qu’on doit toutes et tous apprendre des personnes qui peuvent nous apprendre. Et même moi je n’ai aucune base et aucune formation encore une fois en termes d’environnement, d’écologie, de biodiversité mais je suis en politique pour apprendre et je sais qu’il y a beaucoup de gens qui sont des professionnels et des experts et expertes et ils sont là pour m’aider à avancer.
 
Comment pouvons-nous faire la différence à un niveau collectif?
Une collectivité c’est plus qu’un simple entre-soi, c’est se prendre par la main et se faire confiance, s’aimer aussi et je pense qu’on a besoin de plus de ça aujourd’hui.
 
C’est quoi votre utopie Marius?
Un monde où la communication serait limpide.
 
Quelles sont les trois choses ou les trois étapes indispensables pour changer le monde?
Je pense que la première chose c’est déjà se changer soi-même avant de changer le monde, et ça viendra en quatre étapes. Il y a une citation que je répète souvent à la fin de mes cours de yoga c’est: 

« observez, acceptez, relâchez et transformez »

 
A quoi devrait ressembler la communauté du nouveau monde?
Elle aura toutes les tailles, toutes les formes, toutes les couleurs, toutes les formes d’identité possibles, elle sera flamboyante.
 
Merci
Avec grand plaisir
 
 

Vous aussi racontez-nous vos histoires qui peuvent nous inspirer tous! Si vous avez envie de vous essayer au questionnaire de Proust ou de partager votre expérience, votre engagement, vos astuces ou vos coups de gueule rendez-vous dans le forum de discussion « Partagez avec nous » sur la plateforme La Mèche, c’est ici:

Questionnaire de Proust

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *